Saderies

Publié le par kaki

Encore sur Sade.
Qui dit Sade ne dit pas Sadique. Il dit d'abord Douceur.
http://www.moonbattery.com/Marquis-de-Sade.jpg
Sade, forme vieillie, héritée du latin Sapidus, "qui a du goût", et que le Littré rend synonyme d'agréable, ou gracieux. Régnier (Mathurin, car à l'époque d'Henri, le mot avait peut-être déjà disparu) parle ainsi de femmes "gentes en habits et sades en façons".
Sade, que Stéphane Audeguy, dans son Petit Eloge de la Douceur, fait entrer dans le champ lexical de l'amène, et qui  donne aussi nom à la suave beauté anglaise  qui sussurrait, à la fin des années 1980, les paroles chaloupantes de Smooth Operator.
Et puis, bien sûr, Sade, c'est le Marquis, le prisonnier de toujours, le terriblement subversif Donatien Alphonse François.
Quand on ouvre son Voyage à Naples, on attend des échos à La Peau de Malaparte, ou un cousinage lointain avec ce qui retient l'attention de Schifano. Mais rien. C'est la chose la plus banale - bien écrite, stimulante, plaisante, et qu'on adoptera volontiers comme guide, dans la ville et au-delà ; mais le ton, le point de vue, tout cela est surprenamment sade, justement, sade et non sadique, journal de bord d'un homme qui arpente sans relâche, sans concession, mais avec bonheur, et objectivité. Etonnant.
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